dimanche 24 avril 2016

Le règne de la Stan Smith serait-il un cri de désespoir de l’humanité?

Merci Stan ! 
Si tu n’avais pas été là, je doute que des pompes nommées "Robert Haillet" se soient vendues à plus de 22 millions d’exemplaires à travers le monde. Car en effet, avant de changer de nom, les actuelles, sublimes et originales Stan Smith d’Adidas furent à l’origine le fruit de la réflexion d’un autre homme: Robert Haillet. Et voilà que suite à sa commercialisation en 1964, BAM, retournement de situation numéro 1. Changement de nom: la Robert Haillet devient la Stan Smith.

Champion !

Alors le numéro 1 mondial américain du tennis entre 1971 et 1973, l’homme porte ces baskets mythique sur le cour. Il vend tellement de rêve que l’on commence à voir le modèle aux pieds des punks des 80’s, des rappeurs de Run DMC, ou de Vincent Cassel dans La Haine de Kassovitz. C’est notamment le clip My Adidas des rappeurs en 1986 qui souffle sur le milieu du rap un vent d’amour et de paillettes blanches et vertes. Hu !  
À tel point que le gentil Stan dira "Les gens pensent que je suis une chaussure" , malencontreusement victime de sa double personnalité. Le pauvre. 

Stan Smith in person avec les précieuses

Ok, pardon.

Mais voilà. En janvier 2008, BAM, retournement de situation numéro 2. La SS, tant adulée et choyée par la street, ne sera plus commercialisée. OH MY GOD. Mathieu Le Maux, journaliste dans QG, nous fait part de sa déception: « Le manque? On le sent déjà, merci. On le vit mal? Bah ouais, comment veux-tu? Difficile de pas être vexé (quand on aime). Difficile de croire que tout s’arrête, tout bonnement. ». Ah, nul doute que les les japonais diraient la même chose si on leurs interdisait de manger des sushis, les kékés de porter du Burberry, et les américaines de porter des tongs. 

Et si les gars d’Adidas s’étaient rendus compte, un matin, de la dangerosité de cette mode? Qui sait… En tous cas, ce que l’on constate, c’est que la réédition de la basket a plutôt eu l’effet Kiss Cool: deux fois plus de cool. Ca y est, elle est partout, même sur l’album de La Fouine, même à ma salle de sport, et même à Vittel. 
Mais l’amour attise la haine… et avec un certain sarcasme teinté d’ironie puissance 10, on voit le compte Instagram Stansmithophobe atteindre les 10 000 followers et des parisiens monter une brigade fictive (le gang Anti-Stan Smith, ou ASS) combattant cette fichue basket dont le nombre ne cesse de croître en même temps que les chewing-gum écrasés sur les trottoirs. 

Mh mh, ok, yeah yeah. Bitch. 


C’est trop pour vous? Allez, tentez de vous mettre à la place de ces #rageux
Voici quelques arguments qui peut-être, vous rendront plus indulgent.e envers ces personnes qui luttent pour la survie du bon-goût. 

Garance Doré, bloggeuse mode, nous raconte comment elle est tombée amoureuse des SS dans son article "Let’s talk about…Hey Stan!" en mars 2014 que je vous invite à lire ici. Par la suite, ses lecteurs.trices lui répondent avec engouement, frénésie et parfois lucidité.
Laura, le 13 mars 2014, à 17:08 écrit: 
Ouiiiiiiiii, ça vaut le coup de les avoir! Je ne suis pas du genre à vouloir avoir ce que tout le monde a, mais elles sont géniales ces baskets, un vrai basique, et elles vont avec tout!
Sev, le 13 mars 2014, à 17:45 écrit:
Je ne connaissais pas et je n’aime pas les tennis blanc flashy et ces grosses semelles, ca me fait penser à mes tennis Adidas dans les années 80 quand j’étais pré-ado (et je n’aime pas revenir en arrière).
Aurelia, le 14 mars 2014, à 20:16 écrit: 
La Stan Smith est "wanted" , la paire de tennis blanche et verte est INTROUVABLE! (surtout en 38, malheureusement…). 

C’est au tour de Julie, bloggeuse mode comme Garance, de nous parler des SS qu’on adore! Petit extrait de son article "Le pouvoir de la Stan Smith" publié un gris et triste dimanche de février 2015. 
"Quand tout le monde a commencé à en porter, je n’ai pas ressenti le besoin d’en acheter. Même si je les trouvais jolies, je me disais que la partie baskets de mon shoesing était déjà assez remplie comme ça. C’est exactement ce qui s’est passé avec les Stan. J’ai l’impression que c’est le coup de baguette magique pour donner du style à un look qui peut paraitre trop simple de prime abord.
Alors voilà, je suis un mouton de panure, je le vis bien et l’assume à 200%. Après tout, je n’ai pas fait voeu d’avant-gardisme mais de porter ce qui me fait envie quand j’en ai envie, ça oui!"
Pour vous féliciter d'avoir supportées toutes ces fautes d'orthographes, en cadeau, l’intégralité de l’article ici

Pour parfaire votre culture Stan Smith, et surtout si vous adoooooorez la coolitude extrême des filles qui portent des Stan Smith et boivent des frappuccino au lait de soja, allez vous rincer l’oeil sur cet Instagram.

 Trop d'amour


2 ans plus tard, en 2016, le règne de la basket en cuir blanc n’est plus à prouver, il est à son apogée. 
Un simple coup de marketing? Ou une alternative qu’à trouvé monsieur tout le monde pour se sentir moins seul, moins à l’écart de l’autre, moins différent? À notre époque où l’individu doit être une entité autonome et à part entière au milieu d’une masse oppressante d’autres comme lui, la ressemblance rapproche. 
Dans son article "Faut-il interdire les Stan Smith?" paru en octobre dernier sur Slate.fr, Nicolas Santolaria justifie ce succès par l’esthétique vintage et la nostalgie du présent revenue dans le coeur des fashionistas et des modeux; tout en tranchant: "La Stan Smith est le parfait symptôme de cette société qui tient un discours de réinventions de soi au parfum d’authenticité mais qui se révèle être, en réalité, d’un conformisme absolu.
Le panel de choix sans précédent que nous avons à notre disposition ne ferait qu’engraisser une uniformisation des options vestimentaires.

"C'était mieux avant" pourrait ainsi être une punchline de la génération 2.0 qui kiffe les baskets mais pas le tennis, un peu comme les normcore, ces adeptes du style sans date et sans stress. GQ présente dans cet article les 10 essentiels à avoir dans sa garde-robe, que l’on soit un homme ou une femme, parce que quand on s’habille normcore, on s’en fout du swag. On veut du confort, et on a bien raison ! Le retour aux sources et à l'authentique est bien dans nos rues et dans nos dressings. 

Salut toi ...! 

Gontran, Kimberley et Gilbert en normcore

Ce qui est beau, dans tout cela, c’est la capacité d’une population à s’approprier et détourner un objet dans le but de se distinguer des autres. À vous de dire à mon petit frère s’il aura la classe avec une tente Ushuaïa cet été en festival parce qu’elle était moins chère que la Quechua. 
Merci Stan ! Sans toi, le livre "Mainstream, enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde"  de Jacques Martel n’aurait pas tant de sens, et Adidas, pas autant d’argent. 


Brbr

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